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552 MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
autres, j'entendis tout ce peuple au sortir de là qui murmuroit, et crioit que s'il eust pensé ce que c'estoit, il ne fust couru si viste pour ouir rien qui vaille; et qu'il eust bien mieux valu ouir crier la treufve ou une bonne paix : tant le peuple estoit las de la guerre!
Ce jour, M. Charles, secretaire du Roi, fist voir à Saint-Denis à Sa Majesté un extrait que j'avois fait des principaux points du livre du Manant, que je lui avois fait tenir par sa femme. A la lecture du quel le Roy prist grand-plaisir, et dit, quoi qu'il coustast, qu'il vouloit qu'on lui en recouvrist un.
On dit aussi ce jour au Roy %ue le duc de Maienne s'alloit declarer tout à mit Hespagnol. A quoi il respondit qu'il n'en croiroit jamais rien, s'il ne le voiioit.
Ce jour mesme, Ferrand, conseiller en chastelet, intimide des bruits de Paris, et entre autres dè celui dti restablissement des Seize, sortit la ville et se retira à Saint-Denis, où il fust receu en son estat, avec une remonstrance et réprimande assez verte;
M. Chouart, advocat en la cour, sortist aussi ce jour, pour une peur qu'on lui fist : comme firent quelques autres tant du Palais que d'autres vacations, tous intimidés des mauvais bruits qui couraient, mesmes des garnisons dont on devoit remplir les maisons des bourgeois.
L'abbé Sainte-Geneviève n'aiant plus que frire, prist le parti du Roy ouvertement, et se retira à Mehin, sous le bon plaisir de Sa Majesté, qui lui asseura qu'il n'auroit faute de rien. Il y alla comme le bon Jacob en Egipte, sur un asne, avec un baston.
Ce jour, le légat se plaingnant au duc de Maienne de la reddition de la ville de Meaux, ledk duc lui res-
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